A la conquête de l'EST à vélo: C'est parti !

Voyage au bout du monde : Ils sont  partis !

Gaël et CarolineVoilà, ça fait des mois qu’ils préparent ce voyage, des années qu’ils y pensent. Ils débordent d’enthousiasme, de curiosité, d impatience, d’envie de découvrir… Et quand vient le moment de dire au revoir à tout le monde, famille, amis, voisins, collègues, y a la petite boule qui monte, qui monte ! Les vélos sont chargés de grigris et doudous en tout genres mais aussi des derniers moments passés avec les uns et les autres.
Et puis ça y est, il faut fermer l’eau, le gaz, l’électricité, les volets, la maison… des gestes anodins mais pleins d’émotions. Où dormiront-t-ils les 365 prochains jours ?

Kazakhstan, les premiers frissons.
Bourrasques de vent, branches à terre, poussière dans les yeux : le temps est à l’orage.                           Yourte
Ici, ça grouille de monde, de couleurs, d’odeurs, de musique… tout simplement de vie !
Première surprise, la frontière est fermée avec le Kirghizistan et l’ambassade de France fait preuve d’une incompétence ridicule !
Celle du Kirghizistan nous engage quand même à passer, donc le départ sera pour le lendemain.
C est quand même un drôle de début de voyage !
Premiers jours de vélo, premiers sourires échangés. Puis  déluge de pluie et nuit en yourte ! Huit jours au Kazakhstan et déjà des images et des histoires plein la tête…

Les surprises : Une grand-mère qui danse en haut d’un col, une prof de français qui ne se souvient plus de sa date de naissance ni de son nom !
D’immenses steppes avec des montagnes qui se détachent au loin avec des centaines des troupeaux qui broutent paisiblement, d’autres sont désertes et laissent l’imaginaire les remplir d’histoires.
Des panneaux de propagande du président, en place depuis 20 ans ! Des aigles et rapaces qui survolent majestueusement steppes et montagnes.
Des cavaliers faisant  leurs courses au magasin du coin à cheval, un pays très grand avec des routes droites ! Un climat sans concession : on passe des grosses chaleurs aux orages puissants.
D
es petits villages ou les magasins offrent un maigre choix : petits gâteaux, bonbons ou vodka ?
Voila notre petit bout du Kazakhstan, sur 600 km. Finalement pas grand-chose au regard de l’étendue du pays…!

Kirghizistan : une histoire courte et sans issue !
Déception ! La frontière est interdite : fils de fer barbelés, kalachnikov, snipers, blocs de béton…
Retour forcé et en colère contre l’ambassade !
Allez, en route vers la Chine, alors !!

Tranches de Chine
Il y a des frontières qui vous propulsent avec fracas dans un autre monde. Ils sont  passés des Kazakhs, des costauds un peu rustres, aux petites mains gantées de blanc des gardes chinois qui ont fouillé toutes les sacoches une à une. Et puis ce fut l’activité grouillante des chinois, la propreté des avenues, les véhicules divers : vélos, scooters, capsules colorées rondes à 3 roues… Les boutiques sont nombreuses et bien achalandées, des drapeaux rouges flottent au vent.
Le monde kazakh leur paraît bien endormi une fois qu’ils ont  mis les pieds en Chine.
Chinoiseries
Ridicule, incompréhension, méfiance… Ils sont dans un pays où la croissance explose. La dictature est au pouvoir et les chinois semblent conditionnés. Ils haussent les épaules ou font “non, non, non” de la main quand ils les questionnent…
Etranges :
Pas de passage de frontière à vélo. Ridicule, non ? Les vélos dans la soute d’un bus.
Pas de cafés internet pour les étrangers ! Permis de circuler refusé, la route est interdite aux étrangers. Il faut  prendre le bus. Et ce  bus ? Pour aller de Yining à Kucha (583 km), il est il a fait 1850 km. Il y a des trucs bizarres, quand même !
A Kucha, trois hôtels les refusent : pas d’étrangers ! Pourtant, un lit, c’est un lit, non ?!!
Heureusement, quelques rencontres avec des chinois leur donnent le sourire.

Traversée du désert :
Le désert du Taklamakan, au mois d’août, 700 km d’asphalte posé sur le sable. Temps bouché, paysages brouillés, montagnes sans couleur, températures assommantes, gorge sèche,  nuits sans repos sur le sable chaud, refuge sous les ponts où la température baisse de quelques degrés.
Et des caméras  qui filment la route pour surveiller le désert!  Et les Chinois qui construisent une autoroute à grand renfort de bulldozers et de rouleaux compresseurs, sans oublier les antennes téléphoniques  qui jalonnent la route pour que ça capte partout ! Bizarre, en plein désert !
Et puis il y a ce pauvre chinois, agenouillé sur le goudron, en plein cagnard, équipé de sa planche en bois, de son pinceau et de son pot de peinture, qui repeint les bandes blanches… Des petites mains qui se tuent à la tâche quand la Chine possède tous les moyens techniques pour faire ça vite et bien !
Heureusement qu’il y a quelques villages pour fausser compagnie à la monotonie du désert. Mais bien souvent ce sont des lieux dévastés où de tristes bâtiments longent la route.
Puis ils repartent, crasseux et mains pleines de poussière, et de nouveau, chaleur, mirages, eau brûlante mais le vent dans le dos.

La Karakoram highway: KKH. Une route à la réputation légendaire, une des plus belles au monde. A cheval sur la Chine et le Pakistan, de Kashgar à Islamabad. ElleLe glacier Baltoro tutoie le ciel et trace son chemin entre une dizaine de sommets au-dessus de 7000 m : Des paysages à couper le souffle : montagnes verticales démesurément hautes, des dizaines de kilomètres de gorges étroites et sinueuses, la surprise d’un petit village avec arbres, fleurs et cultures, de nombreux troupeaux de moutons, chèvres, chevaux, quelques chameaux et des yaks,  des dunes de sable qui côtoient les montagnes enneigées à 3400 m d’altitude !

Et puis il y a toutes ces femmes qui travaillent dans les champs. Le bois est transporté dans des nacelles sur le dos, les abricots sont mis à sécher sur les toits.
Côté pakistanais, les sourires s’élargissent, ce sont des instants plein de chaleur qui donnent leur la pêche ! Les enfants en uniforme vont à l’école à pied. Les manuels sont en anglais !
Voila donc cette KKH très éprouvante physiquement mais avec un spectacle époustouflant.
Fortes  précipitations, éboulements de terrain, électricité rare, de  même que l’essence et le gaz (un litre d’essence vaut 2,5 € !).
Les difficultés sont nombreuses : pont  effondré remplacé par une tyrolienne et une nacelle, route détruite, la piste en cailloux et sable, un lac long d une trentaine de kilomètres et profond de 150 m a inondé cultures et habitations : la KKH est coupée, il faut prendre un bateau.
Les conditions de vie sont difficiles dans cette région. Les gens sont furieux contre leur gouvernement qui ne fait que des promesses…

La suite de leurs aventures sera rapportée dans le prochain bulletin de Janvier.